S'attaquer à des commerces juifs est toujours révélateur d'un effondrement

Steve: Simone, vous souhaitiez revenir sur les événements actuels qui secouent le pays et suscitent votre inquiétude.

Simone: En effet, la France est en proie à des troubles depuis le mardi 27 juin, suite au décès de Nahel, un jeune Français de 17 ans, lors d'un contrôle de police à Nanterre.

Après une nouvelle nuit de violences à travers le pays, je pense qu'il y a de quoi s'inquiéter pour deux raisons.

Tout d'abord, il est important de prendre la mesure de la situation. Les autorités estiment que le niveau de violence des émeutes dépasse bien celui que nous avons connu par le passé, notamment en 2005. Le pays n’est pas le même qu’il y a dix-huit ans. Il existe aujourd’hui un niveau de violence généralisé, aidé et augmenté par les réseaux sociaux, non seulement en banlieue mais partout, comme nous l’avons vu à travers les mouvements des gilets jaunes, des black blocks et les soulèvements de la terre. La violence est partout. C’est un feu qui se propage avec un mimétisme stupéfiant.

Aucune commune en Seine-Saint-Denis n'a donc été épargnée. Les affrontements, pillages et dégradations ont par ailleurs également touché la communauté juive. Des commerces juifs ont été saccagés à Sarcelles et Garges-les-Gonesse, ainsi que des lieux de commémoration des déportés. Des slogans tels que "Mort aux juifs" ont été entendus et des messages "Nous allons vous faire une Shoah" ont été tagués sur les murs. Cela peut sembler dérisoire à côté de tout ce qu’il se passe de manière générale mais pas tant que ça : l’attaque contre des commerces juifs et la désacralisation d’un monument sont, nous le savons, toujours révélateur d’un effondrement (à venir).

Steve: et la deuxième raison de votre inquiétude ?

Simone: Je suis consternée, bien que peu surprise, par le niveau d'irresponsabilité et d'instrumentalisation politique que l'on observe autour de ce drame, notamment de la part des extrêmes. Du côté de la gauche, Jean-Luc Mélenchon, loin de prôner l'apaisement, a d'abord critiqué les "chiens de garde" qui appellent au calme, s'en prenant notamment au ministre de l'Intérieur. "Je n'appelle pas au calme, j'appelle à la Justice", a-t-il déclaré en entraînant dans son sillage la jeune garde de LFI. Ils se soucient peu du fait que ces violences pénalisent d’abord les populations défavorisées, dont elles aggravent les conditions de vie.

Le groupe parlementaire La France Insoumise-Nupes a également déposé une proposition de loi pour abroger une version de l'article 435-1 issue de la loi Cazeneuve, comme l'a annoncé Mathilde Panot jeudi, suite à la déclaration de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle "la loi 'permis de tuer' de l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve doit être abrogée".

Autre tentative d'instrumentalisation politique cynique de cet événement par LFI, qui cherche à en profiter pour attaquer celui qui souhaite refonder la gauche et qui représente donc une menace directe à l’entreprise NUPESienne de Jean Luc Mélenchon.

L'attitude de LFI est non seulement irresponsable sur le plan sécuritaire, mais aussi sur le plan électoral. Car il faut le reconnaître, c'est l'extrême droite qui tirera profit de cette situation. Jordan Bardella a répondu à Jean-Luc Mélenchon en le qualifiant de "danger public". Éric Zemmour fait un retour fracassant sur les ondes, en parlant à longueur de journée de « francocide » et « d’immigration » et « d’émeutes raciales ». N’oublions pas non plus que l’opinion publique ne manifeste aucune sympathie pour les casseurs, même si tout le monde est horrifié par l’homicide volontaire qui les a déclenchées. La France Insoumise le sait : elle n’aura pas le mandat de gouverner la France, alors elle préfère la rendre ingouvernable. Main dans la main donc, les deux extrêmes cheminent de conserve vers le gouffre et semblent vouloir emmener avec eux le pays dans le précipice.