Première Nakba day à l'ONU
Simone Rodan-Benzaquen nous parle de la première journée de la Nakba, officiellement commémorée lundi dernier par les Nations unies.
C’est la première fois que l’ONU commémore ce que les Palestiniens appellent la Nakba (“la catastrophe” en arabe) pour parler de la création d'Israël. Pour bien comprendre la nature hypocrite de cette réunion programmée, il est nécessaire de rappeler l'histoire. Quand l'Assemblée générale adopte un plan de partage de la Palestine en 1947, prévoyant un État juif et un État arabe palestinien, et que les Palestiniens et les États arabes le rejette et décident de mener une guerre contre Israël l’année suivante, Juifs et Arabes en subissent les conséquences, notamment le déracinement de quelque 700 000 Palestiniens.
De là découle le problème des réfugiés. Mais il faut bien comprendre que les Arabes palestiniens ont fui leurs maisons non pas à la suite d'un plan conçu par les dirigeants sionistes avant ou pendant la guerre, mais parce que leurs dirigeants les ont appelés à le faire, promettant qu'ils reviendraient lorsque les armées arabes prendraient le contrôle du pays ; parce qu'ils craignaient les représailles juives ; ou parce qu'ils ont été expulsés par les forces juives locales qui, à la suite de la guerre sanglante, les considéraient comme une cinquième colonne. Rien de tout cela ne serait arrivé si les dirigeants arabes locaux et les États arabes voisins n'avaient pas lancé une guerre contre Israël. Le problème des réfugiés est donc né de la guerre de 48 - et non de l’entreprise sioniste.
Mais il n'y a pas que l'événement en lui-même qui pose un problème. À New York, Mahmoud Abbas a tenu un discours révisionniste et antisémite, fustigeant le Royaume-Uni, les États-Unis et la communauté internationale pour leur soutien au droit du peuple juif à disposer d'un État. Il a comparé la rhétorique utilisée par Israël à de la propagande nazie et il a demandé que l'État juif soit suspendu des Nations unies s'il n'accorde pas aux Palestiniens un État et « le droit au retour » aux millions de réfugiés palestiniens. Enfin, il a également nié tout lien entre le judaïsme et le mont du Temple.
Il a également improvisé un revirement très significatif de ses positions antérieures, qui le conduit à rejeter non seulement toute présence et revendication israéliennes à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, mais aussi la légitimité d'Israël dans ses frontières d'avant 1967, tout en exigeant la fin d'Israël en tant qu'État majoritairement juif.
Des dizaines de pays ont décidé de boycotter cet événement. De nombreuses nations ont fait preuve d'un leadership de principe en refusant d'honorer de leur présence cette fête de la haine du jour de la Nakba. Toutefois, la salle de l'ONU était pleine, avec notamment des représentants de nations européennes, telles que la France, l'Espagne et le Luxembourg, ainsi que de hauts fonctionnaires de l'ONU.
Dans la mesure où la table des négociations entre Israéliens et Palestiniens est désertée depuis 10 ans, on aurait préféré que ces mêmes acteurs fassent preuve d’encore plus de fermeté pour inciter à la reprise des pourparlers plutôt que de laisser déverser des discours haineux de la part de celui-là même qui pourrait être appelé à signer une paix future avec Israël.
Le plus écœurant, c'est que le discours révisionniste et dégoulinant de haine d'Abbas envers les Juifs a été accueilli par des applaudissements et des cris de "free free Palestine" et "De la rivière à la mer, la Palestine sera libre". Ces slogans sont couramment utilisés par les groupes pro-palestiniens et les organisations terroristes telles que le Hamas et le Jihad islamique, comme cris de ralliement appelant à la destruction d'Israël.
En janvier dernier, à l'occasion de la Journée internationale de commémoration de la Shoah, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, avait déclaré qu'il fallait "s'opposer à ceux qui nient, déforment, relativisent et révisent" la Shoah. Il est triste de voir qu’en seulement quelques mois, cette belle promesse a été bafouée dans l'enceinte même de l'ONU.