"Mort aux Juifs ! Mort à Israël !" scandés dans les rues de Berlin
Lors d'une manifestation anti-israélienne, environ 300 personnes ont défilé samedi dernier dans les quartiers de Neukölln et Kreuzberg à Berlin. Les manifestants ont notamment scandé "Longue vie aux armes" et "Les roquettes pleuvent sur la liberté". Ils ont également réclamé la liberté pour plusieurs prisonniers palestiniens, comme Ahmad Manasra, un homme emprisonné depuis sept ans en Israël après avoir commis un attentat au couteau contre un civil israélien.
Les paroles "Et pour ceux qui nous demandent qui nous sommes: Nous sommes les gens d'al-Areen" font référence à Saraya al-Areen, un groupe militaire proche du gouvernement syrien, dont les membres attaquent délibérément des civils israéliens et sont soutenus par le régime des mollahs en Iran. Les manifestants ont également célébré en chœur différents militants palestiniens, dont Muhammad Dhaif, connu sous le nom d'Abu Khaled, l'un des commandants des brigades al-Qassam ou Yahya Ayyash, un terroriste palestinien du Hamas, responsable d'au moins 50 morts israéliens.
Les organisateurs de cette manifestation sont un réseau palestinien appelé Samidoun, qui se définit comme le "Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens". Il est actif dans plusieurs pays du monde. Samidoun et ses soutiens en Allemagne, dont fait partie le mouvement BDS qui était présent sur place avec des affiches et des symboles, tentent toujours de souligner que leur protestation est dirigée contre Israël et ne doit en aucun cas être comprise comme antisémite. Cependant, les chants de la manifestation de samedi prouvent - une fois de plus - le contraire. En dehors de tout ce que je viens de vous décrire, les vidéos les plus choquantes de la manifestation montrent que les manifestants avaient aussi scandé "Mort à Israël" et "Mort aux Juifs".
Enfin, le réseau est également considéré comme une organisation liée à l'organisation terroriste FPLP, qui figure sur la liste des organisations terroristes de l'UE.
La fait que la manifestation ait été autorisée et que la police était présente a fait un scandal en Allemagne. Des nombreux responsables politiques se sont exprimés. Le seul point positif, c'est que les leçons ont été tirées cette fois-ci, car les deux prochaines manifestations qui étaient prévues pour le week-end prochain viennent finalement d'être interdites par la police en raison du risque élevé de dérapages antisémites, de glorification de la violence, d'intimidations et d'actes de violence.
Afin d’éviter de telles dérives à l'avenir, il est d’abord nécessaire que la lutte contre l'antisémitisme ne se limite plus uniquement à des journées commémoratives historiques ou soit exclusivement comprise comme faisant partie d'une lutte contre l’extrême droite, comme c’est souvent le cas en Allemagne. L'antisémitisme islamiste est souvent minimisé et l'antisémitisme de gauche est accepté lorsqu'il se présente sous l'apparence d'une 'critique d'Israël' ou qu'il utilise une rhétorique postcoloniale. C’est pourquoi les pouvoirs publics ont souvent du mal à le reconnaître et à le prévenir.
Ensuite, il y a la question de la tolérance zéro. Interdire ce genre de manifestations permet justement d’envoyer un message clair de fermeté et cela fonctionne. Il était frappant de constater, par exemple, qu'en mai 2021, lorsque Gérald Darmanin avait interdit des manifestations anti-israéliennes, la France était l'un des seuls pays en Europe où il n'y avait pas eu d'exactions ni de propos antisémites. Cela prouve donc l'efficacité de telles mesures, qui s'inscrivent d'ailleurs dans la cohérence pour des pays ayant adopté la Définition de l'antisémitisme de l'IHRA. Il est d'autant plus essentiel de rappeler cela à l'heure actuelle, alors qu'Israël fait face à de nombreuses tentatives de délégitimation de la part de ceux qui profitent et s'appuient sur la situation politique actuelle pour exprimer leur haine envers l'État juif.